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Récit de Jacques Parisot blessé à Bédo au TCHAD
Salut André,
J’espère fortement être présent pour les 50 ans de BEDO . Si ma remise sur pied continue ainsi, il y a peut-être un espoir.. C’est un peu plus qu’une date historique dans ma vie. Le psychologue qui m’a suivi à l’hôpital m’a incité à écrire mon ressenti pour évacuer ce qu’il considère comme un traumatisme. Personnellement, c’est un devoir de mémoire, peut-être à partager avec le troupeau ? Tu peux me dire ouvertement ce que tu en penses, s’il faut apporter des modifications ou tout autre remarque… Entre nous et pour finir, mettre cette épreuve noir sur blanc soulage ? C’est ce que Erwan GERGOT m’avait dit à une époque : il écrivait pour évacuer… Merci d’avance de l’attention que tu voudras bien porter à ce courriel. Sincères amitiés. NAPO
J’ai revu St Michel notre patron. C’était le 04 Décembre 2018 . Il m’a reconnu. « Tiens, il y avait longtemps… Désolé, je n’ai toujours pas de place pour toi. Les meilleures sont prises par tes collègues arrivés récemment. Alors, tu vas reprendre la piste qu’un de vos grands a dit sans fin » Soi-disant, car pour ma part, il m’a semblé voir , au loin, un panneau à peine lisible : Terminus…
Il reprend : « Je me souviens bien de ce 11 Octobre 1970 à BEDO. Le médecin-capitaine MARINI t’a soigné sur le sable . Un hélico vous a récupérés, toi et le C/C THOMAS pour vous ramener sur votre base arrière dans la grande palmeraie de FAYA-LARGEAU. On t’a installé dans une petite pièce assez fraîche, le Padré venait régulièrement te faire sucer une gaze humectée dans un verre d’eau hors de ta portée… » Je n’ai jamais vu quelqu’un faire la grève de la soif. A devenir fou… Tu étais là, dans un coin de la pièce. A l’opposé, la Grande Faucheuse attendait… Le jour s’est levé, vous aviez disparu. On m’a installé dans un Nord-Atlas pour descendre sur FORT-LAMY, à l’hôpital central. Le Dr BAQUE m’a opéré le lendemain. Quelques jours plus tard, j’ai la surprise de voir le Capitaine MARINI ; Il me dit : « toi, tu m’as fait peur, avec tout ce que tu as, tu devrais être mort. » Je lui ai répondu : « j’ai 25 ans, suis en pleine forme et que je m’accroche comme un morpion de carlingue !» MARINI a conclu : « Tu as raison, le moral compte à 85% dans ces grosses affaires. » Le capitaine CANAL nous avait ajoutés, THOMAS et moi, sur la liste des 11 tués , pour les médailles militaires à titre posthume… THOMAS décèdera 8 jours après lors de son transfert sur NICE .
Je me croyais tranquille sur la piste quand ce 04 Décembre 2018, ma vieille blessure du grêle éclate avec une infection généralisée. Pompiers, Urgence et c’est parti pour le bloc. C’est là que je t’ai appelé , toi, St Michel. Les chirurgiens
avouèrent à mon épouse qu’ils n’y croyaient pas, qu’il fallait s’attendre au pire. Aucun espoir. Plongé dans un coma artificiel de 3 semaines, 2 opérations, une quarantaine de cms du grêle en moins et pose d’une stomie. A mon réveil, les chirurgiens sont pantois. Mon épouse, un peu rassurée, après être restée tours les jours à mon chevet, après avoir vu le pire, finira épuisée moralement et physiquement.. Notre combat pour cette survie se calmera le 11 Avril après la fermeture de la stomie.
Depuis, nous avons repris la piste, paisiblement, avec une philosophie de la vie qui, si elle n’est pas banale, se raccroche à l’amitié pure et simple… Difficile dans cette société qui sombre dans l’égoïsme. Ainsi soit-il. Inch Allah, bientôt si…
Mais par St Michel, vive encore la Paras.
PS : mon brevet de patient est confirmé !!!
Cher Éléphant Noir
Tout d’abord, je voudrais partager avec vous une lettre que m’envoie Jacques Napoléon Parisot (en fichier joint).
Ensuite, je fais un appel à la solidarité pour terminer par des lectures de vacances en fichier joint.
Napo, il y a quelques jours, m’a envoyé une lettre et si je vous en fais part, c’est que leurs mots expriment une douleur longtemps refoulée.
En effet, si nos morts non jamais reçus les honneurs qui leur étaient dus, les blessés, eux aussi, ont été parfaitement oubliés. Pour eux l’accueil et la vie dans les régiments de métropole ne fut pas des meilleurs, avec la solde à l’air supprimée dès le premier mois d’hôpital et pour ceux qui étaient partis pour deux ans le remboursement de la prime de séjour. Et je n’oublierai pas, ceux qui blessés trop grièvement, inapte au service. Ils ont été abandonnés par l’armée et, malheureusement sans adresse, nous n’avons pas pu les retrouver.
Certes, il n’existait pas comme aujourd’hui de « sas de décompression » ou de cellule psychologique, nous étions à la même enseigne que nos anciens d’Indo ou d’Algérie. Alors parfois il est bon de vider son sac. Mais si nous n’avons pas de cellule psychologique, nous avons notre amicale « le Troupeau » qui nous permet lors de nos retrouvailles d’évacuer le trop-plein en racontant nos campagnes au grand dam de nos femmes.
Solidarité :
François PARRA ( 1er CDO - Jakie Neau , 70 / 71 puis deuxième fin 72/73) .
François à la suite d’une longue hospitalisation et de rééducation se trouve dans une situation financière compliquée.
Il souhaiterait reprendre son ancienne activité qui lui permet de survivre. Pour cela, il recherche un véhicule utilitaire genre Berlingo, Partner, Kangoo (marque indifférente) avec un contrôle Technique (OK) et cela pour un très petit prix.
Et pour moi, pourquoi ne pas rêver, lui faire cadeau d’un véhicule qui ne vous soit plus d’utilité.
Vous pouvez prendre contact avec lui par cette adresse E-Mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Cher Éléphant Noir, je vous souhaite une bonne lecture dans la fraîcheur d’une belle journée d’été.
Avec toute mon amitié, André.
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